Décélération et mémoire: Muriel, ou le temps d'un retour de Resnais et Cayrol (1963)

En 1963, Alain Resnais et Jean Cayrol réalisent Muriel, un film où les personnages qui ont vécu la deuxième guerre mondiale ou la guerre d'Algérie essaient de se reconstruire en revenant sur leur passé. Mais en 1960 tout va vite, tout se bouscule. A cette accélération, Resnais oppose des ralentissements qui viennent comme des 'nappes de passé', ramènent du temps dans le temps et produisent des aller-et-retour de 1960 à 1940, du quotidien d'une ville de province à la scène de torture en Algérie, de Marienbad à Muriel ou encore, des vingt-quatre images par seconde à une lecture image par image faisant surgir brutalement des plans jusqu'alors invisibles.

L'étude de ces différents temps, narratifs et cinématographiques permettra d'envisager la décélération comme ce qui permet de faire remonter des lambeaux de mémoire, comme une 'poétique de la ruine': une poétique deleuzienne où l''image-temps' structure le récit, mesure le temps avec des espaces autonomes, reconstitue des vestiges, visualise une mémoire.